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writer of the day: Rainer Maria Rilke (the panther)


Rainer Maria Rilke

Rilke is generally considered the German language‘s greatest 20th century lyric poet. His compositions are generally characterized by striking visual imagery, musicality, and a preponderant use of nouns. His writings include one novel, the semi-autobiographical The Notebooks of Malte Laurids Brigge; several collections of poetry, among them Sonnets to Orpheus and Duino Elegies; and several volumes of correspondence. How did a rose thorn supposedly hasten his death? More… Discuss

The Panther, by Klaus J. Peter.

the panther, A translation by Stephen Cohn:

The bars which pass and strike across his gaze
have stunned his sight: the eyes have lost their hold.
To him it seems there are athousand bars,
a thousand bars, and nothing else. No World
And pacing out that mean, constricted ground,
so quiet, supple, powerful his stride
is like a ritual dance performed around
the centre where his baffled will survives.

The silent shutter of his eye sometimes
slides open to admit some thing outside;
an image runs through each expectant limb
and penetrates his heart and dies

[youtube.com/watch?v=4rRV6L5YFJY]

Rainer Maria RILKE. Pour écrire un seul vers.

Pour écrire un seul vers

Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles, – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.

Rainer Maria Rilke (1875 – 1926) – Les cahier de Malte Laurids Brigge.

Illustration : Rainer Maria Rilke, portrait de Helmut Westhoff.

Pour une écoute plurielle :

Chez Bernard Pivot, avec Laurent Terzieff,
homme de Poésie, de Parole, de Silence.
Homme du Sacré, du Visible et de l’Invisible.
Homme de Lumière !
http://www.youtube.com/watch?v=JDd2bzXXkvU

Avec la voix de Michel Aumont, extrait du film ‘Clara et moi’ d’Arnaud Viard (2004).
http://www.youtube.com/watch?v=t2NybPa4dXc

Avec Christine Mattei-Barraud. Réalisation : papidou1934.
http://www.youtube.com/watch?v=XOOXiolhCnA